La seconde guerre mondiale

1. La cryptographie américaine



En 1919, un organisme de recherche en matière de codes et chiffres appelé American Black Chamber (Cabinet noir) s'est installé à New York à l'initiative de Herbert Osbourne Yardley, un des plus célèbres cryptologues de l'histoire américaine. Son rôle était de décrypter les codes du Japon. Ce Cabinet noir fut considéré comme une activité d'espionnage et de surveillance dans le domaine de la politique étrangère. Quelques années plus tard, l'armée américaine décida de fondre en un seul organisme les fonctions de chiffres et de cryptanalyse et créa donc le "Signal Intelligence Service" (S.I.S) et plaça un homme dénommé William Frederick Friedman d'origine russe à sa tête qui deviendra quelques temps plus tard un cryptologue renommé. A l'approche de la guerre, le développement du S.I.S. s'accéléra et Friedman continua d'assurer, pour le compte du S.I.S, les fonctions de directeur de recherches pour les communications. Il prit sa retraite en 1955 tout en continuant de jouer un rôle de conseiller.

2. La cryptographie russe



L'U.R.S.S. a marqué un certain intérêt aux codes et aux chiffres des autres pays, notamment les services de la police secrète et les renseignements militaires. La police secrète créée par Lénine a connu des appellations successives qui témoignent des mauvaises organisations. Après Staline, elle fut scindée en deux agences : le K.G.B. qui s'occupait d'espionnage et de contre espionnage et le M.V.D. ministère des affaires intérieures qui s'occupait du maintien de l'ordre. La principale organisation russe de cryptologie s'appelait le "Spets Otdel", quasi-indépendante, son activité consistait à décrypter les messages chiffrés des autres pays. C'est la police secrète qui alimentait cet organisme. Cette organisation fut dirigée par Vladimir M.Petrov. En 1929-1930, les agents du "Spets Otdel" établissait une synthèse hebdomadaire des télégrammes étrangers décryptés et la transmettait aux dirigeants de l'O.G.P.U. (police secrète) et au Comité central. Vers 1938 la diffusion devînt quotidienne. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, les systèmes cryptographiques de l'Armée Rouge faisaient appel à des codes surchiffrés, c'est à dire que le texte déjà chiffré subit une deuxième opération de chiffrement. Les méthodes de surchiffrement sont basés sur le principe de substitution et de transposition. A la même époque, les Russes obtinrent quelques machines Hagelin M.209 qu'ils ont utilisés comme modèle pour fabriquer leur propres machines, mais personne n'a su où ont été employées ces machines.

3. La Seconde Guerre Mondiale



En 1939, peu avant la seconde Guerre Mondiale, le Capitaine Baudoin, un français, fait paraître son ouvrage marquant la transition entre la cryptologie classique et la cryptologie moderne. Durant la Seconde Guerre Mondiale, la cryptographie connût un développement considérable notamment avec l'utilisation de la machine ENIGMA. La machine ENIGMA

L'histoire débute en 1923 lorsque la Chieffrienmaschinen Aktien Gesellschaft (Cipher Machine Corporation) montre pour la première fois au Congrès Postal International à Bern en Suisse, la machine de codage ENIGMA, modèle A. Le modèle A d'ENIGMA est lourd et volumineux, un clavier de machine à écrire (de type allemand QWERTY) est utilisé pour la saisie des messages. Dans les faits, la machine pouvait être utilisée comme une machine à écrire standard et cela même en plein milieu de l'encodage d'un texte. ENIGMA A ne connue pas un très grand succès malgré la publicité faite à cette époque. Par la suite, trois autres modèles apparurent, soit les modèles B, C, D. Le modèle B est similaire au modèle A à l'exception des rotors qui ont maintenant 26 contacts au lieu de 28 pour le modèle A. Les modèles C et D étaient portables et cryptographiquement différents des modèles précédents. Ces derniers fonctionnent selon des principes identiques à ceux des machines de Hebern, mais avec néanmoins quelques différences importantes.

Machine ENIGMA
Son utilisation

L'ensemble mécanique de la machine ENIGMA est composé d'un clavier, 3 tambours (ou rotors) ainsi que d'un système d'entraînement des tambours. (voir image ci-dessus) Chaque touche du clavier est directement reliée à un système de levier portant un axe sur lequel peuvent pivoter trois doigts d'entraînement dont les extrémités supérieures sont terminées par un bec. Les doigts servent à entraîner les tambours et les faire avancer d'un pas. Il existe des tambours mobiles qui sont constitués chacun d'un noyau et d'une couronne crantée à 26 secteurs portant les 26 lettres de l'alphabet normal. Chaque couronne alphabétique peut occuper 26 positions relatives par rapport au noyau.

L'ensemble électrique comprend une alimentation, 26 circuits et 26 lampes correspondant aux 26 touches du clavier. Le courant est fourni soit par des piles soit par le secteur au moyen d'un transformateur. Les 26 circuits correspondent à l'entrée et à la sortie aux lettres du clavier, ils comportent une partie fixe et une partie variable. Rapidement un grand nombre de gouvernements achètent ENIGMA pour l'étudier. Parmi les intéressés, on retrouve la marine allemande et les japonais. La marine allemande décide de mettre en fonction une machine ENIGMA dès l'année suivante. L'armée allemande redessine la machine et c'est en juin 1930 que la version standard finale, nommée ENIGMA I commence à être utilisée par l'armée. C'est de ce modèle que seront dérivées diverses variations d'ENIGMA utilisées par la marine allemande à partir d'octobre 1934 et par l'aviation à partir d'août 1935. Les changements qui seront apportés à ENIGMA se poursuivront pendant toute la durée de la guerre. Les allemands misent énormément sur l'efficacité d'ENIGMA pour vaincre. Tous les niveaux du gouvernement et de la défense utilise ENIGMA pour communiquer. Ils sont tellement convaincus que leur codes ne peuvent être brisés, qu'ils transmettront au vu et su de tous.

Malgré le haut niveau de cryptage, les secrets transmis via ENIGMA furent régulièrement et dans le détail, déchiffrés par les cryptanalystes alliés. Notons le rôle important que Alan Turing a joué dans l'accomplissement de cette tâche. La résolution de ces secrets militaires qui contenaient des informations stratégiques capitales a permis de sauver la vie de centaines de personnes mais par le fait même a mis fin prématurément à la vie de bien d'autres. Durant la Seconde Guerre Mondiale, Alan Turing, un anglais, a fortement contribué au décryptement des messages allemands. Il travaillait pour le Government Code Cypher School à Bletchley (Buckinghamshire) dans un bâtiment secret. En matière de cryptologie la France était un peu en dehors du mouvement. C'est surtout la Grande Bretagne qui était le principal moteur du décryptement durant la guerre. La cryptologie aux Etats-Unis connût un développement considérable notamment grâce à leurs relations avec des cryptologues et cryptanalystes britanniques.

L'équipe de décryptement d'Alan Turing a eu quelques difficultés à casser les codes allemands d'Enigma car les allemands effectuaient régulièrement des mises au point technologiques sur cette machine. Mais Alan Turing et ses collègues ont réussi à rattraper les allemands et finalement devancer presque chaque attaque allemande et par conséquent sauver des vies humaines. Il apparaît ainsi que la cryptographie a détenu un rôle primordial lors des ces conflits mondiaux, notamment concernant les communications des alliés

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